Mon travail

     PRÉSENCE

     Présence aurait pu être le titre du site avec en sous-titre les Formes du Vivant.

     La volonté d’introduire dans mes créations, dans les formes qui surgissent de la matière, l’impression, le sentiment que la vie est présente. Les sculptures pourraient bouger, se mettre en mouvement.

     Les Formes du Vivant, ce pluriel pour forme car quelque soit le médium employé sculpture, dessin, pastel, peinture, il s’agit de représenter le vivant.

     Mes œuvres ont quelque chose à dire de l’humain ou de l’animal, de leur présence, de leur existence.

     Dans l’histoire de l’art de la sculpture, trois œuvres m’ont profondément marqué.

     La première, L’Homme qui marche de Rodin, sculpture exposée au Musée National Rodin de Paris.

     Jeune étudiant à l’École Européenne Supérieure de Bretagne de Rennes, capitale de la région de Bretagne, j’allais visiter le Musée National Rodin situé près de l’Hôtel des Invalides. De toutes les sculptures de Rodin, L’Homme qui marche fut celle qui retint le plus mon attention.

      L’Homme qui marche, ce corps en morceaux, sans bras, sans tête, avec le thorax défoncé, boursouflé, est une composition à partir du Saint Jean Baptiste. L’Homme qui marche est dite figure incomplète, pourtant je pense qu’elle va plus à l’essentiel que le Saint jean Baptiste. Cette sculpture est la marche. La dynamique du mouvement est là. La puissance de la marche de ce corps est évidente. Les Bras et la tête du Saint jean Baptiste n’apporte rien de plus au dynamisme. La sculpture ce fige.

     La deuxième, La Chèvre de Picasso exposée au Musée National Picasso-Paris.

     La force et la présence de cette chèvre me fascinait. Ma sculpture La Chèvre est un hommage à Picasso, cette liberté dans la création par l’assemblage de divers éléments, divers matériaux.

     Pour ma sculpture La Chèvre, J’ai utilisé pour les pattes des branches d’arbres érodées par le temps, pour le bassin et la queue de morceaux d’écorce, pour les cornes et les oreilles de morceaux de bois érodés, pour la barbichette d’une éclisse de bois, pour les mamelles de ballons de baudruche, pour les trayons de tétines en caoutchouc.

     A la différence de Picasso, je voulais que ma Chèvre marche, qu’elle aille de l’avant, donner l’impression de mouvement. La Chèvre de Picasso est assurément statique.

      La troisième, L’Homme qui marche de Giacometti exposée à la Fondation Maeght de Saint Paul de Vence dans le sud de la France.

     L’Homme qui marche de Giacometti, cette silhouette décharnée est devenue une des sculptures les plus célèbres du XX siècle. Giacometti est allé à l’essentiel, à la dynamique de la marche.

     Frank Maubert, dans son livre L’homme qui marche, écrit à propos de cette sculpture :  » l’artiste a tenté l’impossible, une sculpture en mouvement. Or quoi de plus immobile qu’une statue ? Comment fixer la mobilité ? Giacometti tente le paradoxe et réussit à insuffler l’élan de la vie dans sa statue. »

     Pour ma sculpture Le Berger, je souhaitais qu’il soit en mouvement. Je voulais la sensation qu’il porte et emmène cette petite chèvre. Son pas est lent mais ferme. Il avance résolument. La création de cette sculpture a commencé par la découverte, lors d’une promenade en forêt, d’un morceau de bois qui m’évoquait une tête de chèvre. Au vu de sa forme prédéterminée, l’idée du berger est venue. Cette tête de chèvre ne pouvait être que posée sur des bras.

      Le Berger et La Chèvre peuvent être associés, la chèvre suivant le berger qui aurait dans ses bras son petit chevreau.

      Dans la série des Têtes fragmentées, à l’instar de L’Homme qui marche de Rodin où tout n’est pas montré,de La Mort du Père d’Ipoustéguy , les yeux ne sont pas toujours réalisés mais néanmoins le regard existe toujours. La représentation morcelée des têtes découle de l’envie d’aller au delà du réel, comme un jeu où il s’agit d’écriture dans l’espace. Laisser mes mains pratiquer le modelage. L’accumulation progressive de boulettes de terre, l’apparition des fissures, des creux et des bosses est aléatoire.

       Ce ne sont pas des masques mais bien des têtes représentées avec un découpage dans l’espace, une fantaisie en trois dimensions. La surface est chaotique comme animée par un mouvement tellurique. Ce mouvement du dedans, cette poussée puissante est sous-jacente d’où l’apparition de fissures, de craquelure à la surface.

 

La Mort du Père